Comment aider les enfants avec le perfectionnisme

Un article traduit de l’anglais par Chloé Saint Guilhem, formatrice certifiée Hand in Hand

Q. “Mon fils de 6 ans semble souffrir d’anxiété de performance et de perfectionnisme, non seulement à l’école mais aussi dans sa vie en général. J’aimerais avoir quelques idées ou de l’aide à ce sujet. Plus précisément, je remarque que mon fils commence un travail à la maison (par exemple, un problème de maths) et qu’il entre dans une frénésie émotionnelle telle qu’il ne peut même pas lire le problème (ce qu’il est tout à fait capable de faire). Ce problème ne se limite pas au travail scolaire, mais affecte tous les domaines de la vie de mon fils.”

Chère maman réfléchie :

Oui, il semble que les sentiments aient enfermé ton petit garçon dans une boîte qui devient de plus en plus étroite pour lui. C’est bien que tu cherches des idées ! Nous allons te présenter plusieurs façons d’aider les enfants qui souffrent de perfectionnisme.

Une façon de considérer sa peur de faire des erreurs est de la considérer comme un symptôme d’un nœud de peur qu’il transporte dans toutes les situations. Si tu ne t’occupes que du symptôme – les difficultés en mathématiques, par exemple – tes actions seront moins efficaces que si tu t’occupes de la situation qui nécessite ton aide pour faire face à ses peurs en général.

Jeu-écoute père-filsL’un des moyens d’aider les enfants à prendre confiance en eux de manière globale est de jouer activement avec eux, de jouer de manière turbulente. La force et la confiance des enfants se développent grâce à des batailles d’oreillers, des poursuites à travers la maison, des promenades à cheval qui se terminent par une ruade (prudente, mais pas trop) sur un tapis moelleux, des concours dans lesquels il saute sur le lit ou le canapé tandis que tu essaies (mais échoues la plupart du temps) de lui attraper les pieds, ou encore en le mettant sur ton dos et en lui faisant faire des tours de manège dans toute la maison.  Pendant ce type de jeu, observe attentivement ce qui le fait rire et fais-en plus, en essayant d’obtenir le plus de rire possible. Prends le rôle du moins puissant, du moins capable dans le jeu. Fais l’imbécile, essaies de l’attraper mais trébuche et tombe, offre-lui des baisers et poursuis-le dans tous les sens pour n’arriver à en déposer qu’un seul. Tu n’as pas vraiment besoin d’un prétexte pour jouer de cette façon. Commence simplement, remarque les moments où le rire éclate et multiplie les activités qui ont créé cette ouverture.

Essaie de maintenir ce type de jeu, que nous appelons Jeu-écoute.  Veille à ne pas jouer avec une telle force que tu risquerais de le submerger et de l’effrayer, mais lance-lui de temps en temps un défi au milieu d’un jeu qu’il sait pouvoir gérer. Tu ne veux pas qu’il se sente en danger d’être vaincu. Laisse-lui toujours une chance de se relever pour te “récupérer”. Ses rires l’aident à évacuer sa peur et à développer son sens de la résilience. Lorsqu’il se blesse (les petits chocs peuvent provoquer des torrents de larmes ou de colère), il suffit de s’approcher et d’écouter. Laisse-le pleurer passionnément aussi longtemps qu’il en a besoin. Ces pleurs chaleureux, avec ton soutien, font partie de ce qui est nécessaire pour l’aider à ne pas se sentir facilement dépassé par de petites tâches et à se sentir puissant même lorsqu’il est confronté à des difficultés.

Le Jeu-écoute énergique prépare le terrain pour la prochaine œuvre, qui abordera plus directement sa peur de faire des erreurs.

Je vais maintenant décrire l’outil Rester-écouter pour l’aider à surmonter sa peur. Tu lui as dit, probablement à de nombreuses reprises, que les erreurs sont acceptables et qu’elles font partie du processus d’apprentissage. C’est important, mais c’est une étape que tu peux maintenant considérer comme “terminée”. Tes conseils verbaux ont fait tout ce qu’ils pouvaient faire. Les concepts ne nous aident pas lorsque nous sommes contrariés. Lorsque ses sentiments de “je suis submergé” apparaissent, ils effacent les bonnes choses que tu as essayé de lui transmettre. Tu ne peux rien lui apprendre dans ces moments-là. Ce que tu peux faire, c’est lui prêter attention et lui offrir ta bienveillance pendant qu’il est submergé par ses sentiments et qu’il les déverse dans les larmes et les crises de colère.

Imaginons qu’il se soit énervé devant un problème de mathématiques. Tu lui dis : “Je vais t’aider pendant que tu recommences le problème”, sur un ton léger et encourageant. Il dit qu’il ne veut pas et des sentiments apparaissent. Approche-toi de lui et dis-lui : “Je vais t’aider. Voyons cela”. Il se met alors en colère et dit qu’il ne veut pas. Reste près de lui. Écoute-le. Laisse-le se laisser submerger par ses sentiments. Sois aussi chaleureux et confiant que possible, compte tenu des circonstances. Lorsque ses pleurs ou sa crise de colère se calment, dis-lui : “Je pense que tu peux probablement le faire. Regardons encore une fois.” Permets-lui d’exploser. Permets-lui de pleurer. Permets-lui de dépasser la raison. Permets-lui de se mettre en colère contre toi. Permets-lui de dire des choses horribles sur toi, sur l’école et sur tout ce qui lui passe par la tête. Écoute. Ton attention est un puissant antidote au sentiment qu’il combat.

Continue à mettre en avant l’idée qu’il peut le faire. Que te resteras jusqu’à ce qu’il soit prêt à réessayer. Qu’il sera bon d’essayer à nouveau. Qu’il trouvera la solution. Mais ne parle pas beaucoup. Dis seulement quelques mots de temps en temps pendant qu’il se met en colère ou qu’il pleure. Garde-le là, où il est en position de réessayer. N’insiste pas pour qu’il essaie à nouveau dans un délai précis. L’expression des sentiments est un processus de guérison qui prendra le temps qu’il faudra. Il n’y a pas d’urgence. Il est au milieu d’un mauvais rêve émotionnel et sa perception est déformée par les mauvais sentiments qui se manifestent. Lorsqu’il en aura évacué une partie, il sera en mesure de réfléchir et d’essayer à nouveau.

C’est le processus de guérison. C’est la fonte du découragement. C’est la frustration qui s’évacue. C’est le “Je ne peux pas le faire ! Je ne suis pas bon !” qui s’évacue de lui. N’essaie pas de le raisonner. N’essaie pas de le convaincre qu’il est intelligent. Au lieu de cela, écoute-le jusqu’à ce qu’il se sente mieux – cela peut prendre beaucoup de temps. Mais il se sentira mieux quand il aura fini, si te peux l’écouter jusqu’à ce qu’il ait fini.

Ainsi, chaque fois qu’il se met en colère, à propos des maths ou d’autre chose, rapproche-toi de lui et encourage-le très légèrement. S’il dit : “Je déteste les maths ! Je suis nul en maths”, dis-lui quelque chose comme “Ça peut changer, mon chéri. Ce ne sera pas toujours comme ça”, ou “Chéri, je pense que tu peux probablement y arriver”. (Et non pas “Oh, mon chéri, tu es TELLEMENT intelligent ! Bien sûr que tu peux !”) Indique simplement que les choses pourraient s’arranger à la fin et qu’il n’est pas seul – tu es avec lui pendant qu’il se sent mal. Tu lui serviras de point d’ancrage pendant les épisodes émotionnels de classe mondiale. Et il se débarrassera de cette peur.

Un mot à propos des éloges : l’effet des éloges constantes vis-à-vis des efforts des enfants et du travail qu’ils produisent n’est pas tout à fait utile. Ce qui est réellement utile pour nos enfants, ce sont les moments où ils se sentent bien dans ce qu’ils ont fait. Nos sentiments à l’égard de leur travail sont importants, mais secondaires. La motivation la plus puissante pour apprendre est le sentiment d’accomplissement et de maîtrise de l’enfant. Et ils “comprennent” lorsque nous sommes satisfaits, même sans mots d’encouragement. Ils peuvent entendre le plaisir dans nos voix et le voir sur nos visages. Si nous pouvons obtenir suffisamment de temps d’écoute de la part d’un autre parent pour que notre tension puisse s’exprimer, nous pouvons alors ressentir et montrer notre véritable plaisir, de sorte que nos enfants se sentent également “vus” dans leurs accomplissements.

Comme le souligne Alfie Kohn, spécialiste du comportement, nous voulons que les enfants travaillent à leur propre satisfaction intérieure, plutôt que de faire des efforts pour mériter nos louanges. Le Temps Particulier est un bon moyen d’aider les enfants à ressentir cette satisfaction intérieure, ainsi que le plaisir que nous éprouvons à leur égard. Pendant le Temps Particulier, nous leur accordons une attention particulière et ils font ce qu’ils aiment faire. Cela permet aux enfants d’être conscients de leurs propres sentiments et d’accéder à notre plaisir en demandant un Temps Particulier. Ils maîtrisent les choses parce que cela leur fait du bien de les maîtriser. Nous voulons les remarquer, les reconnaître, mais ne pas utiliser les compliments dans le cadre d’un “système de récompense”.  Tout ce dont ils ont besoin, c’est d’être en contact avec nous, ce qui favorisera leur volonté naturelle de maîtriser les choses.

J’espère que ces idées te seront utiles et que cela  te donnera envie de te mettre en lien avec nous et tous les autres parents qui s’inspirent des cinq outils de l’approche Hand in Hand, pour de venir les meilleurs allés de leurs enfants, face à toutes sortes de défis qu’ils rencontrent au quotidien.

Bien à toi,

Patty

Le nouveau livre de Patty, Écoute : les outils indispensables pour se connecter à son enfant est maintenant disponible en français !

Dans la boîte à outils “Hand in Hand” :

Voici de l’aide face aux batailles autour des devoirs

 

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